Claudette Carbonneau, partie 1

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Chez nous, devoir mentionner le nom de la première femme à avoir présidé une centrale syndicale canadienne ou québécoise, c'est systématiquement oublier celui de Shirley Carr qui pilota le CTC de 1986 à 1992, c'est possiblement se souvenir de celui de Lorraine Pagé qui dirigea la CEQ de 1988 à 1999, mais c'est probablement penser à celui de Claudette Carbonneau qui en fit autant à la CSN de 2002 à 2011, voire à ceux de Magali Picard ou de Caroline Senneville, respectivement aux commandes de la FTQ et de la CSN depuis peu.
Est-ce important de réfléchir sur le fait que des femmes ont gouverné un sanhédrin syndical ? Oui. Dans la mesure où cela témoigne des changements sociaux majeurs dont l'impact est particulièrement perceptible dans nos relations de travail contemporaines. Sauf exception (pensons à Stéfanie Trudeau, alias Matricule 728, à Chantal Racette du Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal, ou encore à Lise Thériault, ministre du Travail sous Jean Charest), les femmes en situation de pouvoir offrent généralement une présence en apparence plus rassurante, moins conflictuelle, plus empathique. Effectivement, on imagine mal Claudette Carbonneau chanter Un coup de matraque, ça frappe en tabarnac comme le fit Louis Laberge, président de la FTQ, devant une foule monstre en 1971. Et, pour ne pas laisser d'équivoque sur la fermeté de son discours, Caroline Senneville, l’actuelle présidente de la CSN, n’a nul besoin des suppléments idiomatiques particuliers à Michel Chartrand, cet emblème du syndicalisme bouillant des années 1970.
En 2002, il allait de soi que Claudette Carbonneau, cette femme de grande perspective qui venait de compléter onze ans à la première vice-présidence (un record), devienne la numéro un de la CSN, le mandat du regretté Marc Laviolette ne faisant plus consensus. Attention ! Il ne s’agissait pas d’élire une femme pour la première fois, mais plutôt une personne qualifiée capable de rallier intelligemment les troupes. Ce qui s’avéra une obligation stratégique majeure face au déploiement antisyndical duplessiste du gouvernement Charest (2003-2012). On connait la suite.
Lorsque Ferrisson l’a rencontrée, Mme Carbonneau a expliqué qu’une des grandes qualités que doivent posséder les personnes détenant un poste public important, c’est de savoir quand quitter, de comprendre quand est venu le meilleur moment. Dans son cas, ce fut lors du Congrès de la CSN de 2012. Depuis, elle offre à qui le veut une facette d’elle brandie avec réserve du temps de sa présidence à la CSN, celle d’indépendantiste. Elle est désormais associée au Oui Québec, cette coalition d’organismes voués à la souveraineté québécoise.
Dans cette émission-ci, Claudette Carbonneau nous présente son inspirant parcours avec l’assistance de l’intervieweur Patrice-Guy Martin.
Bon visionnement.
Les Oui Québec
Les conséquences de la crise de 1982
Mobilisation et rapport de force
Le lien d'emploi avec l'Hôpital Notre-Dame
Les ML
Avec Madeleine Parent – Photo : Archives de la CSN
Claudette, secrétaire générale du Conseil Central Montréal Métro– Photo : Archives de la CSN
Élue présidente de la CSN - Photo : Archives de la CSN
Première VP de la CSN – Photo : Archives de la CSN
La fichue loi 160... – Photo : Archives de la CSN
Un stage que Claudette Carbonneau n'oubliera jamais - Photo : Clinique communautaire de Pointe-Saint-Charles
Claudette et son grand-père Guérin – Photo :Archives privées C. Carbonneau
À gauche, Yolande Valois, première femme à avoir été VP à la CSN – Photo : Archives de la CSN
(Texte de narration dans la vidéo)
Première femme à diriger la CSN, Claudette Carbonneau l’a fait pendant neuf ans, correctement gantée de velours. Cela complétait quatre décennies de vie syndicale amorcée dans les cuisines de l’hôpital Notre-Dame de Montréal, point de chute quand même surprenant pour une politologue formée à l’Université de Montréal.
Sa piqûre militante, on la lui injecte dans son syndicat de base dont elle gravit assez rapidement les échelons. Évidemment, elle est remarquée au Conseil central du Montréal Métro, cette tribune où, à peine dix ans plus tôt, Michel Chartrand avait pu proférer ses dénonciations les plus colorées.
Puis, l’énergie pro-justice sociale de la jeune femme, surtout en ce qui a trait à la condition féminine, fait en sorte qu’on lui déverrouille l’accès aux hautes sphères de la CSN. Pendant onze ans, Claudette Carbonneau en sera la première vice-présidente, avant d’en devenir la présidente.
Elle aime répéter que sa grande fierté est d’avoir oeuvré à un trio d’avancements sociaux parmi les meilleurs au monde : l’équité salariale dans les conventions collectives, le développement d’un service public de garderies et l’institution d’un système de congés parentaux. Si tout n’y est pas encore parfait, beaucoup a été accompli.
Claudette Carbonneau, une grande militante dont le Québec a raison de s’enorgueillir.