Louis Fournier
| Saison 11 - 2023-24 | | Les Militantes / Les MilitantsVidéos
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Les historiens associent généralement le début des grandes transformations sociales, culturelles et économiques du Québec au régime libéral d’Adélard Godbout (1939-1944). Ils en suivent le cheminement devenu velléitaire pendant la période duplessiste (1944-1960) et en saluent la spectaculaire éruption au cours des vingt ans qui suivent, c’est-à-dire la Révolution tranquille (+ – 1960-1980). Les porteurs d’eau, catholiques grégaires, nés pour un petit pain, turlutteurs de rigodons, gênés dans leur patois archaïque et inégalement scolarisés, devinrent ce qu’ils sont aujourd’hui, des citoyens canadiens (pour le Canada : 50,58 %, pour le Québec : 49,42 % (*) ), des citoyens du monde aussi décomplexés que les autres. Toute une saga !
Si Louis Fournier était trop jeune pour connaître activement les époques Godbout et Duplessis, il en a été tout autrement avec leur suite, ces années soixante en phase avec les grands courants mondiaux, soixante-dix, encore plus folles et prometteuses, mais quatre-vingt et quatre-vingt-dix, celles du « Québec inc. », du réalisme net fret sec et de la perte de certaines illusions.
Louis Fournier a bénéficié d’un des derniers cours classiques, a senti les gaz français de Mai 68, a lu le manifeste du FLQ sur les ondes radio de CKAC, a été journaliste à Québec-Presse, puis au quotidien Le Jour, a écrit des livres sur les agissements occultes de la police au Québec, sur notre histoire syndicale, sur le FLQ. Il a été un des premiers cadres du Fonds de solidarité FTQ avant de devenir responsable des relations publiques de la FTQ. Il a été proche de personnages aussi médiatisés que Louis Laberge, Jacques Guay, Normand Caron, Gérald Godin, Jean Doré, Émile Boudreau, Henri Massé et bien d’autres. Essayez d’imaginer la largeur des tranches d’histoire que ce communicateur professionnel a connues.
Que dire d’autres sinon que Louis Fournier est issu d’une fratrie de sept enfants bardée, en amont, par une mère infirmière, Garde Laurette Tessier, et, en aval, par un père médecin, Donat Fournier. Pendant presque 50 ans, ce dernier aura été un de ces toubibs animés par la vocation qui, par monts et par vaux, par tics et par tocs d’horloge, se méritaient l’appellation populaire de bon docteur. D’ailleurs, son écrivain de fils a publié en 2017 un texte à son sujet sur le site des anciens du collège Sainte-Marie. À lire !
Un mot en terminant sur André Leclerc, notre intervieweur, qui a été, dans une autre vie, un des premiers employés embauché par la jeune FTQ. À ce titre, il a bien connu Louis Fournier. L’entrevue fait donc état d’une agréable complicité.
Bon visionnement.
(*) Résultats du référendum québécois de 1995
Compléments à l'émission
Le FLQ
Gérald Godin
Fernand Foisy
Maurice Hébert
La police secrète au Québec
Doux souvenirs d’antan
Galerie photos
Un communicateur progressiste
(Texte de narration dans la vidéo)
Drôle de destin que celui de Louis Fournier. Pour bien des gens, la vie est ce « long fleuve tranquille » assaisonné de bénignités survenues dans le déroulement de la trilogie « métro-boulot-dodo ». Lui, il s’est constamment promené dans les événements au sujet desquels on écrit des rangées de livres.
Ainsi, ses études l’ont amené dans une France secouée par l’inimaginable état de désobéissance civile qu’a été « Mai 68 ». De retour à Montréal, étant devenu journaliste à la station CKAC, c’est lui qui fait la lecture en ondes du manifeste du FLQ, 24 heures avant que Gaétan Montreuil ne le fasse à la télé de Radio-Canada.
Ce qui l’amène au coeur des belles aventures médiatiques qu’ont été l’hebdo Québec-Presse et le quotidien Le Jour. Après, on le retrouve parmi les pionniers du Fonds de solidarité FTQ, où il devient vice-président aux communications, et ensuite à la FTQ où il est responsable des relations publiques puis directeur des communications durant les années à la présidence de Clément Godbout et de Henri Massé.
Ajoutons que pendant tout ce temps, il a signé autant de livres que bien des auteurs mieux connus. Une étonnante trépidation que Louis Fournier a bien voulu partager avec un vieux compagnon d’armes, André Leclerc.