L'angle mort du BAEQ

Si on vous parle du BAEQ, le si tant décrié Bureau d’aménagement de l’Est du Québec, et que vous aimez les images fortes, vous apprécierez celles de terrifiantes machines en train de détruire de modestes demeures rurales ou en train d’en remorquer vers un ailleurs improbable. Vous adorerez celles de politiciens ou de fonctionnaires arrogants en situation de mépris face à de petits agriculteurs dont la vie vient d’être chamboulée. 

Si c’est votre cas, vous n’en verrez que fort peu dans notre émission sur le BAEQ.

S’il y a effectivement eu des relocalisations de familles agricoles et la fermeture d’une dizaine de paroisses dites marginales, il y a surtout eu autre chose dans ce chapitre de la Révolution tranquille qui, dans les années 1960 et 1970, eut comme cadre l’Est du Québec, soit le Bas-Saint-Laurent, la Gaspésie et les Îles-de-la-Madeleine.

Il y eut, notamment, une leçon magistrale, celle que la confortable survivance rurale d’une population heureuse dans des villages prospères de l’Est du Québec, aura été une vision onirique sans commune mesure avec le credo socioéconomique de l’organisation québécoise, canadienne, voire nord-américaine.

On parle ici d’un choix philosophique visant à renforcer les pôles urbains, Rimouski au premier chef, voire Rivière-du-Loup, Matane et Gaspé, question de stimuler davantage l’économie régionale. Quand la ville va, tout va ! Dans cette vision, celle des gouvernements, des lobbys et des notables, les paroisses marginales n’ont aucune chance. Elles ne sont plus que des dommages collatéraux dont la disparition, plus ou moins rapide, fait grand bien au PIB régional. Il faudrait plutôt parler de PIB régionaux, puisque l’ancienne région Est du Québec a été scindée en Bas-Saint-Laurent et en Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine. Quoi qu’il en soit, ça marche, surtout dans le Bas-du-fleuve.

Dans les faits. cette réalité qui a efficacement drainé la démographie rurale de l’écoumène péninsulaire, constitue l’angle mort de la réflexion du BAEQ. C’est cette analyse que nous offre Robert Laplante, D.G. de l’Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC). Ce sociologue en est à sa deuxième prestation chez Ferrisson. À la saison 6, on trouvera en effet sa magistrale analyse sur l’aventure de Guyenne, en Abitibi.

Robert Laplante est interviewé ici par André Laplante, sans lien de parenté aucune. Bon visionnement.